La pratique sportive régulière préserve la force et la masse musculaire chez les seniors

La pratique sportive régulière preserve la force et la masse musculaire chez les seniors

D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’espérance de vie augmente. Les avancées technologiques, médicales et scientifiques se sont fortement améliorées au cours du siècle passé. Ainsi, l’accroissement du pourcentage de personnes de plus de 65 ans est tel qu’aux Etats-Unis, en 2030, ils représenteront environ 20% de la population. Néanmoins, cette augmentation de la longévité s’est accompagnée de changements radicaux dans nos modes de vie, et la sédentarisation est devenue une norme. Nous vivons plus longtemps mais avec de plus grandes limitations dans nos capacités physiques.

Entre 40 et 50 ans, une personne peut perdre plus de 8% de sa masse musculaire totale, et cette perte s’accélère à plus de 15% par décennies après 75 ans. Bien évidemment, cette perte de masse musculaire est souvent accompagnée d’une perte de force et d’une perte de mobilité. A courts termes, cela entraîne une limitation des activités quotidiennes (marcher, faire ses courses, etc.), et une augmentation du risque de chutes et de blessures. Toutefois, il a été démontré à plusieurs reprises que l’activité physique permettait d’améliorer la qualité de la vie, en diminuant la masse grasse, en augmentant la force musculaire, en améliorant l’équilibre et la mobilité, en diminuant le risque de chute, en améliorant la santé psychologique, et en diminant le risque de développement de maladies cardio-vasculaires et métaboliques.

Malheureusement la plupart des études scientifiques réalisées sur le vieillissement ont été menées sur des sujets sédentaires. Il est donc difficile de savoir si les changements musculaires sont associés au vieillissement physiologique du corps humain ou s’ils sont attribuables au style de vie et à une atrophie musculaire causée par le manque d’exercice.

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Figure 1. Prendre soin de sa masse musculaire et de sa force aide à mieux vieillir.

L’étude réalisée

Pour répondre à cette question, une équipe de chercheurs de l’université de Pittsburgh, Etats-Unis a voulu évaluer si une pratique sportive régulière pouvait prévenir les pertes de masse musculaire et de force observées chez des séniors sédentaires. Pour cela, ils ont recruté 40 athlètes (20 femmes et 20 hommes) de catégorie Master âgées de 40 à 81 ans qui s’entraînaient régulièrement plus de 4-5 fois par semaine. Les participants étaient principalement composés de coureurs, de cyclistes et de nageurs. Pour étudier l’effet de l’âge sur la masse musculaire et la force, les chercheurs ont recruté 10 participants (5 femmes et 5 hommes) par tranche de 10 ans : 40-49 ans, 50-59 ans, 60-69 ans et ≥70 ans.

Pour ce protocole, les chercheurs ont évalué le moment de force isométrique maximal des quadriceps grâce à un dynamomètre isocinétique (Biodex System 3 Pro), avec un angle de flexion du genou à 75°. De plus, ils ont déterminé la composition corporelle de tous les athlètes masters par plethysmographie par déplacement d’air (Bod Pod Body Composition System, Life Measurment Instruments). Grâce à cela, ils ont obtenu le pourcentage de masse grasse, la masse grasse et la masse maigre. Enfin, en utilisant les résultats de l’I.R.M. à mi-cuisses des participants, les chercheurs ont pu mesurer l’aire musculaire totale, l’aire du quadriceps, la masse grasse sous-cutanée et la masse grasse intra-musculaire.

Résultats & Analyses

Les principaux résultats de cette étude montrent que chez un public de sportifs seniors, avec l’âge, la masse grasse augmente mais que globalement, la masse musculaire absolue et la force du quadriceps ne diminuent pas. De plus, les chercheurs n’ont pas observé d’augmentation de l’infiltration avec l’âge de la masse grasse intra-musculaire. Aucune différence pour le moment de force du quadriceps n’a été observée entre le groupe 40-49 ans et le groupe 50-59 ans. Toutefois, une diminution significative a été observée avec le groupe de 60-69 ans. Mais aucune différence n’existe avec le groupe ≥70 ans. Ainsi la force diminue à partir de 60 ans, mais reste stable ensuite. C’est un résultat très intéressant car des études montrent que chez des personnes âgées de plus de 70 ans, une force musculaire diminuée est corrélée avec une plus grande mortalité.

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Figure 2. Schémas d’I.R.M. d’une cuisse gauche chez des athlètes masters et un sédentaire. La zone rouge représente le muscle et la zone plus claire autour de lui représente la masse grasse.

Applications pratiques

Cette étude montre que l’exercice chronique chez des personnes âgées à un effet prophylactique contre le déclin fonctionnel musculaire lié à l’âge seul, mais aussi et surtout contre celui lié au sédentarisme. Le maintien d’une pratique sportive tout au long de sa vie permet de maintenir sa masse musculaire et sa force musculaire. D’après d’autres chercheurs américains, les dépenses de santé directement attribuables aux problèmes de sarcopénie (i.e., de perte musculaire) s’élevaient à 18.5 milliards de dollars en 2000 aux Etats-Unis. Soit un coût de 800 à 900 dollars par personne.

Néanmoins, cette étude ne permet pas de voir l’évolution de la composition corporelle et de la force musculaire tout au long de la vie des athlètes. Une étude plus longue permettrait de mieux se rendre compte de cette évolution au cours d’une vie. De plus, les participants de cette étude étaient tous des sportifs accomplis pratiquant intensément leur discipline (4-5 fois par semaine) et ils étaient sportifs depuis leur jeunesse. Quels bénéfices pourraient être attendus pour des personnes commençant le sport après leur 40 ans, et sur le long-terme ? Toutefois, beaucoup d’études montrent les bienfaits d’un programme physique chez des sujets sédentaires séniors ou non. Il n’est donc jamais trop tard pour s’y mettre et pour adopter une meilleur hygiène de vie.

2018-06-14T10:37:40+00:00